A l'espoir qui nous tient.
J'arrive même plus à m'en rendre compte. J'y pense tout le temps, à Elles. Je
dois pas assez en parler. Ou trop. Vous pouvez pas imaginer le mal que
ça me fait qu'elle soit loin, le manque, le trou que ça fait dans ma
vie. C'est atroce, c'est perpétuel, ça ne part pas. Elle n'est plus là. Non vous pouvez pas. Parce que moi, on me l'aurait dit, même l'année dernière,
quand cette photo a été prise, où je savais déjà que je les aimais à un point
incroyable, je n'y aurais pas cru. Impossible. J'aurais bien aimé vous trouver une image, pour que vous puissiez ne serait-ce qu'envisager. Mais j'y arrive pas. Du vide. Dans mon coeur. Parce que putain elles remplissent
tout ces filles là. J'arrive même plus à m'exprimer, à faire de belles phrases
comme j'avais prévu, une déclaration d'amour (car c'est bien de ça qu'il
s'agit) construite, c'est trop fort, ça me dépasse. Mais quand on me dit
que c'est des histoires d'ado, que ça passera avec le temps, qu'on perdra
contact, je me demande ce qui peut bien pousser les gens à dire de telles
conneries. On n'a jamais réussi à rester fâchées, à s'engueuler, à ne pas être
d'accord. On peut pas, c'est comme ça. Je m'embrouille. Je suis même pas sûre
d'avoir réussi à parler de ce que je voulais, cette chose entre nous, ce lien indestructible,
et je pèse mes mots. C'est tellement vrai, tellement rare... Unique. Exceptionnel. On le sait, et même si les
autres ne nous croient pas, même s'ils ne comprennent pas - et ils ne peuvent pas comprendre - on s'en fout. Je l'ai déjà dit une fois, mais les larmes coulent,
les trams passent et les amitiés aussi fortes restent. C'est tout
Je vous aime. Vous le savez, on se l'est dit, combien de fois ? J'aurais voulu faire
quelque chose de beau, de ces phrases qui marquent et qui nous émeuvent
tellement l'enchaînement des mots est superbe, mais je sais bien que
j'ai pas réussi, je suis fâchée avec mon clavier autant qu'avec mon stylo en ce
moment, je ne sais pas ce qui m'arrive. J'arrive même pas à éviter les
répétitions, je râbache les mêmes choses, je n'arrive pas à tourner mes
phrases. Jess, je te promets, je te jure du plus profond de moi que je ne
t'oublie pas, pas une seule seconde, comment serait-ce possible ?
Il suffit de voir le flot de sentiments qui m'assaille lorsque je prends un
stylo (ouais c'est moins classe que de prendre la plume) pour t'écrire un mot
chargé de tout ce que je voudrais que tu comprenne. Les mots ne suffisent
pas. Plus J'ai fait de mon mieux pour décrire l'indescriptible, j'en ressentais un besoin tellement intense. Je suis pudique moi, malgré les apparences et les fanfaronnades*, et j'ai du mal avec ces mots que vous méritez tellement. J'essaie pourtant, je fais des efforts. Je m'ouvre, je me livre, je me confie, je fais ce que je peux. Vous êtes celles sur qui je peux toujours me reposer,
celles en qui j'ai une confiance absolue, celles (et les seules, quel
privilège !) à qui je peux parler, vraiment. Vous êtes... vous êtes Jess
et Sarah, et ça suffit. Non, je n'arrive plus à le dire, mais je n'imagine pas
ma vie sans vous dedans, quelle qu'elle soit. Ce serait contre nature.
Je n'ai pas peur de perdre votre amitié, parce que je sais, je sens, que c'est
le genre de choses qui n'arrive pas, ou alors dans les cauchemars. Mais
quand même, au fond, un peu. Parce que sans vous, je ne serais rien.
Rien.