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Un élan de poésie
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Un élan de poésie
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18 mai 2008

You know she makes my life complete.

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Jess.

Depuis que t'es partie, je compte, tout le temps. A l'envers. Et maintenant ça commence à trente, c'est beaucoup ; beaucoup trop. Dès fois on a de la chance et on arriver à voler quelques heures sur un trajet Sainte Terre-Saintes tout court, à ces moments je ne suis qu'à quinze. Dès fois je me suis trompée, et le temps de te voir arrive avant la fin, on sourit rien qu'à cette pensée. J'ai peur, un jour, d'arriver dans les négatifs et de m'enfoncer, m'enfoncer, sans jamais pouvoir te retrouver. Mais normalement, j'arrive à zéro, et c'est le moment de te voir. J'arrête mon horloge et, dans un espace-temps plus ou moins long, je ne compte plus. Seulement ça finit toujours par recommencer.
On a chacune notre lycée maintenant, c'est beau de grandir.
Je pourrais pleurer en écrivant mes lettres, mes messages, en lisant tes articles,  en regardant nos photos, en froissant des feuilles remplies de toi cachées dans une grande boîte blanche et violetteen te disant au revoir sans savoir si on se reverra dans une semaine, un mois. Mais je suis une grande fille forte alors j'intériorise, je reste dans la sobriété et je n'exprime surtout pas mes sentiments quand ils sont un peu trop violents. Jamais. Je veux t'entendre tous les jours, le son de ta voix et de ton rire, te regarder sourire ou te renfrogner, regarder tes yeux briller et savoir quand tu t'es lissé les cheveux et si ça les a abîmés. Je veux qu'on se dise TOUT dès que l'envie nous prend. Je veux te faire la bise le matin et te voir énervée par un prof ou une fille de ta classe. Je veux qu'on se fasse des orgies de goûter le mardi soir, je veux qu'on se batte à nouveau avec des bâtons, je veux te regarder prendre le tram en attendant mon bus, je veux te voir arriver de mauvaise humeur et l'air fatigué (autant que moi) les lundis matins après de folles soirées. Je veux, je veux, je veux. Je voudrais pouvoir comprendre ce que tu veux que je comprenne par ce fameux regard. 
Mais un jour, on sera ensemble, toutes les deux, toutes les trois, toutes les quatre, toutes les six, et on ne comptera plus jamais parce qu'on passera notre vie ensemble. On n'attendra plus les rares occasions de se voir, on redoutera simplement quelques week-end, quelques semaines éparses, encore trop nombreuses, où on sera obligées de se quitter. Oh, on ne sera pas tout le temps collées, on aura sûrement des amoureux, des études, une vie à côté, mais bien sûr qu'on trouvera toujours un moment pour prendre un chocolat chaud ou une crêpe au nutella ou une des meilleures glaces de Bordeaux. Une fois par jour. Et alors on parlera de tout, puisque le temps ne sera plus important, on se racontera les petits riens du quotidien. Tout, tout, tout.


"Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
 Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
 Des plus beaux de nos jours !
 
"Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
 Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
 Oubliez les heureux.
 
"Mais je demande en vain quelques moments encore,
 Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
  Va dissiper la nuit.

Alphonse de Lamartine

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