Mon amie la rose
S'il vous plait...
"Il vous arrive souvent de penser que vous n’arriverez jamais à rien,
que vous n’êtes pas à la hauteur, qu’il manque toujours quelque chose…
Aussi, sans cesse en quête de perfection, vous êtes rigoureux, honnête,
besogneux, adepte du travail bien fait. Vous n’aimez pas être pris en
faute. Pour vous, une erreur, aussi humaine soit-elle, est un échec.
Vous vous coupez souvent de vos émotions, voire de votre plaisir, pour
ne pas vous « donner en spectacle », ni à vous-même ni aux autres.
Perdre le contrôle sur vous-même, sur les choses et les événements, est
une épreuve quasi humiliante. Vous n’acceptez pas vos limites, c’est
pourquoi vous pouvez devenir votre propre bourreau, parfois celui des
autres. Vous cherchez à progresser, à évoluer, mais au prix de
souffrances souvent inutiles. Enfant, vous avez manqué de compliments
et vous êtes encore aujourd’hui marqué par les critiques de vos parents
et de vos proches. Ce qui a développé en vous un sentiment de
culpabilité de ne jamais être « assez »."
Merde. Shit. Scheisse. Tchurt. Comment un espèce de test bidon arrive à me cerner, me carricaturer, me réduire. C'est mélangé hein, je ne suis pas que ça. Du moins j'espère. Mais ça y ressemble un peu trop. Vous savez, j'ai été tellement déçue, je pensais pas que moi, je puisse être aussi médioce, avec mon ego surdimensionné. Un échec.
On se reverra, mais pas ici. Adieu. Je trace ma route.
J'ai froid, très froid tout d'un coup, et des vertiges de plus en plus souvent. C'est drôle, je pensais à toi. J'avais envie d'aller au cinéma avec toi, voir Une histoire italienne ou Valse avec Bachir pour la troisième fois. Je vais beaucoup au cinéma en ce moment. Mais on pourrait faire autre chose, aussi. Manger une glace, danser ou rire, prendre un café et discuter, ou pourquoi pas aller à la plage. Ca fait une éternité. Je ne sais toujours pas comment je fais sans toi. Je fais, c'est tout. Tu me manques.
Jess.
Depuis que t'es partie, je compte, tout le temps. A l'envers.
Et maintenant ça commence à trente, c'est beaucoup ; beaucoup trop. Dès
fois on a de la chance et on arriver à voler quelques heures sur un
trajet Sainte Terre-Saintes tout court, à ces moments je ne suis qu'à
quinze. Dès fois je me suis trompée, et le temps de te voir arrive
avant la fin, on sourit rien qu'à cette pensée. J'ai peur, un jour,
d'arriver dans les négatifs et de m'enfoncer, m'enfoncer, sans jamais pouvoir
te retrouver. Mais normalement, j'arrive à zéro, et c'est le moment de
te voir. J'arrête mon horloge et, dans un espace-temps plus ou
moins long, je ne compte plus. Seulement ça finit toujours par recommencer.
On a chacune notre lycée maintenant, c'est beau de grandir. Je pourrais pleurer en écrivant mes
lettres, mes messages, en lisant tes articles, en regardant nos photos, en froissant des feuilles remplies de toi cachées dans une grande boîte blanche et violette, en te
disant au revoir sans savoir si on se reverra dans une semaine, un mois. Mais je suis une grande fille forte alors j'intériorise, je reste
dans la sobriété et je n'exprime surtout pas mes sentiments quand ils
sont un peu trop violents. Jamais. Je veux t'entendre tous les jours, le son de ta voix et de ton rire, te regarder sourire ou te renfrogner, regarder tes yeux briller et savoir quand tu t'es lissé les cheveux et si ça les a abîmés. Je veux qu'on se dise TOUT dès
que l'envie nous prend. Je veux te faire la bise le matin et te voir
énervée par un prof ou une fille de ta classe. Je veux qu'on se fasse
des orgies de goûter le mardi soir, je veux qu'on se batte à
nouveau avec des bâtons, je veux te regarder prendre le tram en
attendant mon bus, je veux te voir arriver de mauvaise humeur et l'air
fatigué (autant que moi) les lundis matins après de folles soirées. Je veux, je veux, je veux. Je voudrais pouvoir comprendre ce que tu veux que je comprenne par ce fameux regard.
Mais
un jour, on sera ensemble, toutes les deux, toutes les trois, toutes
les quatre, toutes les six, et on ne comptera plus jamais parce qu'on
passera notre vie ensemble. On n'attendra plus les rares occasions de se voir, on redoutera simplement quelques week-end, quelques semaines éparses, encore trop nombreuses, où on sera obligées de se quitter. Oh, on ne sera pas tout le temps collées, on aura sûrement des amoureux, des études, une vie à côté, mais bien sûr qu'on trouvera toujours un moment pour prendre un chocolat chaud ou une crêpe au nutella ou une des meilleures glaces de Bordeaux. Une fois par jour. Et alors on parlera de tout, puisque le temps ne sera plus important, on se racontera
les petits riens du quotidien. Tout, tout, tout.
"Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures
propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos
jours !
"Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux
;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.
"Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et
fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.
Alphonse de Lamartine
Quatre ans et tellement de fous rires, de confidences, de délires. Bérénice-la-saucisse, mon urne de ma vie, ma folle, mon inconsciente, mon allumeuse ou mon idiote, ma rêveuse. Rien que ça. Quatre années à côté, à ne pas suivre en français, à faire des morpions ou des concours de dessin en Histoire, à pouffer en SVT ou à échanger des secrets en éco. Celle qui m'accompagne.
Toujours là
HS. Je suis désolée ; vraiment, énormément. ca m'énerve de dire des trucs, de faire naître des espoirs et de pas pouvoir assurer derrière. Qu'est-ce que ça me frustre.Je vous veux toutes les cinq moi, si vous saviez.
J'avance dans la vie dans un brouillard dû à l'extrême fatigue, shootée par des litres de thé ou de caféine. Merci pour mes mains qui tremblent. Ce blog est en sursis, j'arrive plus à écrire une ligne. Tout à l'heure, alors que j'allais acheter mes quatre Camus telle la monomane, dans la rue, avec ce soleil qui brillait sur mes cheveux tout juste coupés - tout droits avec une mèche, enfin vous voyez - je regardais les gens passer dans leur voiture. Je me sens seule, dès fois, tellement de gens me manquent, faut croire que c'est ça de grandir puis de partir, la vie change de visage. Mais là, Rudie Can't Fail des Clash dans mes oreilles, j'avais envie de hurler "mais oui, je suis heureuse ! La vie est belle", comme si j'avais trop bu, sans doute ivre de soleil, de musique et de lumière. Alors je me retenais, je n'ai pas envie qu'on m'interne, tout mon avenir est devant moi, mais je souriais, pour de vrai, à pleines dents, à tous ces inconnus. Et vous savez, les gens ne sont pas aussi fermés et bornés qu'on le dit. Parce qu'eux aussi, ils souriaient.
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Solitude au grand coeur encombré par des glaces,
Comment me pourrais-tu donner cette chaleur
Qui te manque et dont le regret nous embarrasse
Et vient nous faire peur ?
Va-t'en, nous ne saurions rien faire l'un de l'autre,
Nous pourrions tout au plus échanger nos glaçons
Et rester un moment à les regarder fondre
Sous la sombre chaleur qui consume nos fronts.
Supervielle